par aurore_d » Mer 21 Nov 2012 11:56
Holala!
Ce n'est pas évident pour les deux... Je peux témoigner de ce que j'ai vécu et c'est pas jojo...
Mon ex-épouse (Mexicaine) avait laissé son pays, ses amis, sa famille pour me rejoindre, nous étions très amoureuses l'une de l'autre... Je lui avais parlé de ma «différence» avant le mariage, et elle voyait ça plus comme un phantasme, un bouton pour me mettre en mode "on"... J'imagine que ça ne t'es pas tombé dessus du jour au lendemain... Il y avait quelques indices mais on se cache toujours à cette vérité, c'est la société qui le veut.Il ne faut pas culpabiliser.
Mon ressenti allant crescendo, j'ai du faire face à des dépressions très sévères . Mon ex épouse très catholique et bien formatée hétéro-binariste acceptait ma différence dans notre intimité, mais elle m'a dit : « à ta première prise d'hormone tu dégages»... À ce moment là, j'étais arrivée à un certain statu : Renommée au boulot, maison 4façades 200m², jardin, chien, auto, amis, etc... Et bien formatée que j'étais aussi, j'avais le cliché en tête de la trans qui se fait rejeter de tous(famille, amis, compagne), maison, perd son boulot, et est obligée de se prostituer pour subvenir au prix des traitements... (La vérité est tout autre)...
Vu son intolérance face à ma nécessité de changer, ma peur de tout perdre, mes dépressions m'ont menées à vivre des choses que je n'aurai jamais du vivre. J'ai mis ma vie en danger, ainsi que celle des autres, j'ai du faire face à des souffrances moral atroces. Ma culpabilité face à tout ce qu'elle avait laissé pour construire quelque chose avec moi, n'aidant pas...
Jusqu'au jour où elle m'a dit : «Tu me contamines avec tes dépressions, je te vois souffrir mais je ne peux pas t'aider, on est bloqué. J'ai besoin que tu partes un mois au minimum pour faire le point»...
Elle me l'a répété durant 2 mois jusqu'à ce que je cède. Nous avions beaucoup de disputes évidemment... J'ai passé un mois chez ma mère, et elle m'a dit que ce n'était pas assez... J'ai rencontré quelqu'un, et j'ai pu vérifier que ce n'était pas mon ex-épouse qui me faisait ressentir les choses à ce point. Elle aussi a rencontré quelqu'un, et on a convenu de divorcer à l'amiable.
Cette fille qui était au courant de ma transidentité m'a fait comprendre qu'une fois la chose acquise (qu'on est transidentitaire), il n'y a plus moyen de retrouver une compagne hétéro-normée sinon une bi ou pansexuelle.
Ça a été le déclic qui m'a fait dire à ma psychiatre : «On y va»!
Je suis suivie par l'équipe de Gand, (pour raison historique depuis 2006), et j'ai donc eu de l'androcur pour une période de 4mois sans rien d'autre. J'ai fait une belle andropause, super irritable, sans diplomatie aucune, pleurer pour rien ... Comme toutes celles qui m'ont témoigner le début de leur THS : arriver au bureau en pleurs «ça va paaaaassss» et les collègues «mais quoi, qu'est-ce qui ne va pas?», «Je ne sais paaaaassss»... Par exemple... (A savoir aussi qu'Androcur annihile la libido)...
À l'époque nous avions encore une bonne relation mon ex-épouse et moi.. On pouvait aller au resto, etc. Mais j'ai commencé les œstrogènes et 3 mois après, elle m'a dit ne plus vouloir me voir, car elle me voyait changer et ça lui faisait trop mal... S'en est suivi une période où elle a commencé à être vindicative, peu compréhensive, voir méchante, chaque fois qu'on se parlait au téléphone ça tournait en dispute. J'ai pris la décision de ne plus lui parler que par écrit. Elle continuait à voir ma mère (je trouvai ça normal, vu qu'elle n'a pas de famille en Belgique), et j'ai eu écho de quelques mauvaises rencontres qu'elle a faite. Je me suis dit que ça pouvait expliquer son comportement et sa méchanceté...
Il y a 2 mois, elle a rencontré quelqu'un avec qui ça a l'air de bien se passer, et comme le divorce a été prononcé, il fallait vendre la maison. On a pu se parler au téléphone sans que ça dégénère, j'ai récupéré quelques dernières affaires qui trainait à la maison. Et lorsque je suis partie, j'ai vu une larme dans ses yeux. Ça m'a toute chamboulée. Ça fait 14mois que j'ai commencé les traitements, quasi 12 d'hormones, 9 que je ne l'avais pas vu tel qu'elle est normalement plus entrer dans ma maison dans laquelle j'ai cassé des murs, etc... J'ai vu son copain, il est super sympa, et a l'air assez ouvert à la cause trans, c'est certainement lui qui a réussi à la tempérer (¡La muchacha es bien latina!)...
Je garde espoir de pouvoir la côtoyer de nouveau. Beaucoup me disent que c'est une mauvaise idée... On verra.
Courage!
Vive la norme social qui nous fait vivre tout ça! [sarcasme]
Si tu veux on peut en parler de vive voix. Fais moi un MP.
Bise